Réforme du métier infirmier : ce que change la loi du 5 mai 2025

Le 5 mai 2025, le Sénat a adopté à l’unanimité la proposition de loi réformant la profession infirmière. Ce texte marque un tournant majeur pour les infirmiers libéraux : il clarifie leurs missions, élargit leurs compétences et ouvre la voie à de nouvelles modalités d’exercice.

Un cadre législatif modernisé

Restée inchangée depuis 2004, la réglementation des infirmiers s’adapte enfin à la réalité du terrain. L’objectif :

– renforcer l’attractivité du métier, mieux répondre aux besoins en soins,
– et valoriser les compétences infirmières dans le système de santé.

Dans un contexte de tension sur les soins de ville et de transformations du système de santé, cette modernisation vise à reconnaître pleinement le rôle essentiel des infirmiers dans le parcours de soins des patients.

Les principales avancées

La réforme se traduit par plusieurs évolutions concrètes pour les professionnels.

1. Missions infirmières reconnues dans la loi

Les missions socles sont désormais clairement définies :

– Évaluation et réalisation des soins,
– Suivi du parcours de santé,
– Prévention, éducation à la santé,
– Participation à la conciliation médicamenteuse,
– Formation des pairs.

Les infirmiers pratiquaient déjà largement ces missions sur le terrain : la loi les reconnaît désormais officiellement comme acteurs de la continuité et de la coordination des soins, notamment en ville.

2. Diagnostic et consultation infirmiers

La loi consacre officiellement deux notions fondamentales :

– le diagnostic infirmier,
– la consultation infirmière.

Ces éléments renforcent l’autonomie clinique. C’est une avancée attendue qui valorise leur expertise au quotidien.

3. Élargissement des compétences

Le texte ouvre également des possibilités pour les infirmiers de :

– Prescription de certains produits de santé et examens (liste fixée par arrêté),
– Accès direct aux soins relevant du rôle propre,

Ces nouvelles compétences visent à simplifier les parcours de soins pour les patients, en leur évitant notamment de subir certains délais.

4. Pratique avancée étendue

La réforme élargit les champs d’action pour les infirmiers en pratique avancée :

– Ouverture vers de nouveaux terrains d’exercice : écoles, PMI, ASE, etc.
– Reconnaissance des IADE, IBODE et IPDE dans la pratique avancée.

Cela ouvre des perspectives de carrière plus diversifiées et renforce la place des infirmiers dans des environnements multidisciplinaires.

Le rôle clé de la FNI

La Fédération Nationale des Infirmiers a été un acteur de premier plan dans les négociations. En tant qu’acteur de terrain, elle a porté les revendications de la profession et défendu plusieurs points clés :

✔️ la reconnaissance du diagnostic infirmier,
✔️ l’encadrement sécurisé de l’accès direct,
✔️ la revalorisation des missions élargies.

La FNI qualifie cette réforme d’historique, tout en restant vigilante sur sa mise en œuvre concrète.

Ce que le Sénat a ajouté

Le texte adopté comprend plusieurs amendements notables :

– Passage de « complémentarité » à « coordination » entre soignants,
– Spécialité reconnue pour les infirmiers de l’Éducation nationale,
– Création du statut d’infirmier coordinateur en EHPAD,
– Évaluation obligatoire après une interruption d’exercice > 6 ans.

Ces ajouts renforcent la reconnaissance du rôle infirmier dans des contextes variés et visent à assurer la qualité et la continuité des soins.

Et maintenant ?

Une commission mixte paritaire Assemblée-Sénat doit encore harmoniser le texte. Les décrets d’application et les conditions concrètes de mise en œuvre seront déterminants pour les infirmiers libéraux.

À retenir pour les IDEL

Cette réforme représente une avancée majeure pour la profession infirmière libérale. Si elle est bien appliquée, elle ouvre la voie à :

– une reconnaissance officielle des compétences,
– une autonomie accrue,
– et de nouvelles opportunités d’évolution professionnelle.

Une étape décisive pour faire évoluer la profession au rythme des besoins de la population et des réalités du terrain.